

Jean-Marie Sauvage : Une vie de peinture
Il affirme qu'il “n’aime pas regarder derrière lui”. Mais avec ses innombrables coupures de presse datant de 1961 à nos jours, Jean-Marie Sauvage porte la panoplie parfaite du nostalgique. Cet artiste porte sous le bras un classeur rempli d'articles sur papier jauni par le temps. Parmi eux, le tout premier article relatant son talent, en 1961. “C’était la deuxième exposition organisée par le Cercle artistique du Ternois.” À l'époque, Jean-Marie Sauvage a 12 ans et expose au milieu d'adultes expérimentés. Il remporte pourtant un prix dès sa première exposition. “On ne pouvait pas me donner le prix des adultes, mais pas non plus le prix des gamins, que je dépassais. On m'a donc inventé la catégorie "Enfants de 12 ans".” C'est là que l'architecte Henri Frey l'a repéré et pris sous son aile. “Je lui dois beaucoup... Et j'ai toujours en ma possession la boîte de stylos et celle de peinture qu'il m'avait remises.” En 1962, à l'âge de 13 ans, Jean-Marie Sauvage se retrouve dans le palmarès adultes parmi 132 œuvres exposées des meilleurs artistes de la région. “J’ai obtenu le prix de la composition décorative, des mains d'Henri Frey, Président du cercle artistique du Ternois, c'était un moment merveilleux.”
Après plusieurs expositions de ce type, à l'âge de 18 ans, l'artiste doit quitter la capitale ternésienne pour raisons professionnelles. Lors d’une exposition à Lille, Jean-Marie Sauvage est remarqué par le Président des artistes indépendants Lillois, groupement auquel il a appartenu pendant plusieurs années et où il a remporté la médaille de bronze en 1979. Il a aussi reçu la médaille de bronze de la ville de Wattrelos en 1972 et 1977 ainsi que le Grand Prix de la Côte d’Opale entre autres.
Après le vitrail, les compositions décoratives aux couleurs vives et aux formes géométriques avec lesquelles il manifeste avec habileté son sens des harmonies des tons, sa façon de travailler change et, à chacune de ses expositions, le public peut mesurer l’évolution de son art. Il tourne le dos provisoirement à la couleur au profit de l’intransigeance du noir et du blanc qui n’est pas un choix facile. “C’est un travail sans filet. Avec la couleur, il est toujours possible de corriger les bavures, pas avec le noir !” déclare Jean-Marie Sauvage. Le style de son travail lui permet de se livrer à une célébration éloquente de la forme et d’adresser quelques clins d’œil en direction d’un cubisme dépouillé à l’extrême comme si le graphisme prenait le pas sur l’harmonie des couleurs. Après ces différentes périodes tour à tour liées à la couleur et au noir & blanc, Jean-Marie Sauvage découvre les ombres et les reflets, et ajoute ce style à sa palette pour proposer de nouvelles toiles et toujours surprendre.
En plus de 50 ans, l'artiste a multiplié les expositions collectives et personnelles, dans la région Nord-Pas de Calais, dans le pays et même au-delà des frontières françaises et européennes. Trois de ses toiles sont même à Los Angeles en Californie. Il obtient des médailles, fréquente plusieurs cercles d'artistes. Et pourtant, sa plus grande fierté réside dans une demande que lui a faite l'administration pour laquelle il travaillait. “Mes employeurs à La Poste m'ont permis de collaborer à la confection de la maquette d'un timbre. C'était un grand moment”, se souvient-il avec émotion. De même, la poète Jeanne Maillet lui a fait confiance pour l'illustration de plusieurs de ses recueils.
Après plus de 100 expositions, Jean-Marie Sauvage retrouve le chemin de St Pol sur Ternoise, sa ville natale, pour exposer plus d’une trentaine de nouvelles toiles que le public peut découvrir au Musée Bruno Danvin en octobre 2021.
